Migreurop réseau international: observatoire des frontières
Campagne 2012 : ouvrez les portes! On a le droit de savoir!
Parce que les citoyens européens ont le droit de connaitre les conséquences des politiques mises en place en leur nom, nous demandons l’accès aux
centres d’enfermement pour les journalistes et la société civile !
Aujourd’hui en Europe, environ 600 000 personnes, y compris des enfants, sont détenues chaque année, le plus souvent sur simple
décision administrative. Cette détention, ou « rétention », peut durer jusqu’à 18 mois, dans l’attente d’une expulsion, au seul motif d’avoir enfreint les lois sur l’entrée et le séjour
des étrangers des Etats membres de l’UE. Ce n’est pas seulement de leur liberté de mouvement que ces personnes sont privées, mais aussi, souvent, de l’accès à des conseils juridiques, à des
soins, au droit de vivre avec leur famille...
Les citoyens européens peuvent-ils dire qu’ils ne savent pas ? Oui ! Car aujourd’hui, dans la plupart des pays européens, l’accès des journalistes et des
membres de la société civile aux lieux d’enfermement des migrants est extrêmement limité et encadré.Souvent, il est impossible de rencontrer ou même de
parler aux détenus. En général, seuls les parlementaires disposent d’un droit d’accès.Cette opacité est propice aux
dérives et à de multiples violations des droits.Pourtant, l’accès à l’information est un droit inaliénable des citoyens européens, défendu par l’ensemble des institutions européennes. L’article 11 de la Charte des Droits fondamentaux mentionne « la liberté de recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques ». Même la directive « retour » du 16 décembre 2008, dénoncée par nombre d’organisations
notamment pour ce qui concerne la durée de la rétention, prévoit que « les organisations et instances nationales, internationales et non gouvernementales compétentes ont la possibilité de
visiter les centres de rétention ».
Ces principes doivent être respectés.Les lieux d’enfermement des étrangers ne doivent pas rester une réalité qu’on nous
cache.
Pourquoi n’y aurions-nous pas accès ?Nous voulons savoir ce qui s’y passe.C’est
pourquoi,nous appelonsles gouvernements des Etats membres et les institutions de l’UEà agir pour que l’accès des centres de détention ou de rétention soit ouvert à la société civile et à la presse;nous appelons aussiles parlementaires et les personnes dont l’accès est assuré à se mobiliser pour encourager l’évolution de la législation
nationale et européennedans ce domaine ;et parce que, de plus en plus, la politique migratoire de l’UE
« s’externalise », incitant des Etats tiers à installer des camps de détention sur leur propre territoire pour empêcher les migrants de rejoindre l’Europe,l’ouverture et la transparence que nous réclamons pour les lieux d’enfermement doit aussi être la norme dans ces pays non européens.