"Je suis CRS à Calais et je sais que ça ne sert à rien".

Témoignage rare et très cash dans le dernier numéro d’Ebdo, d’un agent qui enchaine les missions dans le Nord depuis 15 ans et qui a souhaité rester anonyme.   


"À Calais, dit-il, j’obéis aux ordres, je débranche le cerveau. J’ai connu Sangatte, la jungle et maintenant l’après jungle, et je sais que tout ça ne sert à rien. Ce n’est pas de la faute du CRS, c’est le système : on nous demande de faire du vent, de faire de l’éviction. Alors avec la fatigue et l’exaspération, il peut arriver qu’un policier pète un câble J’en ai un qui a foutu le feu à des tentes au point qu’il a fallu appeler les pompiers. (…) Mais en général, on ne se laisse pas approcher, on ne descend pas du véhicule, on envoie un spray de gaz depuis la fenêtre… Dans 90% des cas, les migrants dégagent avant qu’on ait besoin de les faire partir". Et il décrit, les millions d’euros engloutit, non seulement par ces envois répétés de compagnies de CRS sur place, mais aussi les installations "de contrôles, de plus en plus sophistiquées, de plus en plus étanches, à l’entrée du tunnel sous la Manche. Et surtout, sur le port, digne de Star Treck, dit-il : les camions sont inspectés de fond en comble, une sonde détecte s’il y a du CO2 à l’intérieur, signe que quelqu’un a respiré, un scanner radiographie le camion, qui est ensuite passé au détecteur de battements de cœur. Dans les alentours des caméras, des patrouilles, des grillages partout".

Un témoignage qui permet de comprendre ce que vont financer les millions d’euros promis par Theresa May à Emmanuel Macron.

Un arsenal qui ne sert à rien d’après le CRS, "on a beau mettre 1.000 CRS, il y aura toujours des migrants. Ils veulent passer en Angleterre. Essayer de les dégouter, ça ne marche pas"(….)Le CRS, reconnait qu’en 15 ans, il n’a "jamais eu de conversation avec un migrant".

Un témoignage recueilli par Haydée Sabéran, Ebdo.


Les sénateurs durcissent le dispositif visant à permettre le placement en rétention des étrangers placés sous procédure Dublin

 

La veille du passage de la proposition de loi nous avons écrit aux sénateurs de l’Essonne pour leur demander de « 

Mais le Sénat a adopté, le 25 janvier 2018, la proposition de loi issue de l’Assemblée nationale, permettant une application du régime d'asile européen mais en en durcissant le dispositif.
 
Pour permettre le placement en rétention des étrangers soumis à la procédure Dublin, la proposition de loi adoptée par les députés prévoyait les critères objectifs au vu desquels un risque non négligeable de fuite est caractérisé, justifiant un placement en rétention y compris durant la procédure de détermination du pays responsable de l’examen de la demande d’asile. Or, aux critères retenus par les députés, les sénateurs ont ajouté celui du refus de l’étranger de se soumettre au relevé de ses empreintes digitales.
 
Par ailleurs, les sénateurs ont étendu le temps de validité d’une ordonnance autorisant la visite au domicile. Son caractère exécutoire passe ainsi de 96 heures à 144 heures.
 
De plus, les sénateurs ont réduit le délai durant lequel l'étranger qui a fait l'objet d'une décision de transfert peut saisir le président du tribunal administratif pour en obtenir l’annulation. Ils l’ont passé de quinze à sept jours.
 
Enfin, pour les assignations à résidence des étrangers condamnés à une interdiction de territoire ou à une interdiction de circulation, les sénateurs ont prévu qu’elles peuvent être renouvelées aussi longtemps que l’interdiction demeure exécutoire. La limitation de la durée de l’assignation ne s’applique pas non plus à l’étranger faisant l’objet d’un arrêté d’expulsion.